Pour demeurer concurrentiel dans une économie numérique mondiale en plein essor, le Canada est en train de moderniser son infrastructure de paiements. Une grande partie de ces efforts se concrétiseront en 2022 avec l’arrivée du système de paiements en temps réel (PTR), système d’envergure nationale qui permettra des paiements rapides et riches en données — conférant aux gouvernements et entreprises de toutes les tailles la capacité de virer des sommes d’argent considérables, et ce, instantanément et avec certitude.
Interac collabore avec Paiements Canada pour construire le système de PTR, mettant à profit la technologie qui étaye Virement Interac, service actuellement utilisé par des millions de Canadiens chaque jour. Une fois opérationnel, le système de PTR, dotera l’économie canadienne de nouveaux outils de paiements numériques. Pour en savoir davantage, L’Inter’Actu Interac s’est récemment entretenu avec Kirkland Morris, vice-président, Initiatives d’entreprise et affaires externes, chez Interac Corp., et avec Janet Lalonde, directrice principale, RTR, Paiements Canada.
Pourquoi des paiements accélérés et la modernisation des paiements sont-ils aussi importants?
Janet Lalonde, Paiements Canada : Cette modernisation va renforcer la position concurrentielle du Canada grâce, notamment, à des paiements plus rapides. Ceux-ci s’inscrivent dans le cadre d’une tendance mondiale, et nous devons suivre la cadence. Ces améliorations vont aussi renforcer la sécurité et la solidité de nos systèmes de base, faciliter l’innovation et la concurrence et favoriser la force de l’économie canadienne.
Parlons plus particulièrement de la composante de PTR du projet de modernisation. Pourquoi les entreprises canadiennes devraient-elles adopter des paiements plus rapides?
Kirkland Morris, Interac : Le Canada a été au premier plan de l’innovation en matière de paiements de détail, ayant figuré parmi les premiers utilisateurs des cartes de débit et des technologies connexes. Nous avons adopté d’emblée la possibilité d’effectuer des transferts grâce à Virement Interac et à d’autres produits, et utilisons avidement ces services. Cela dit, certaines améliorations s’imposent, surtout dans le monde des affaires. Les plus grandes entreprises font encore largement appel à d’anciennes méthodes de paiement.
JL : Les utilisateurs qui ont toujours recours à ces méthodes doivent déployer de nombreux efforts de rapprochement. Après avoir reçu un paiement, ils doivent apparier les fonds déposés dans leur compte avec les renseignements qui les accompagnent. C’est un point de douleur de longue date, surtout pour les entreprises de moyenne et grande taille.
La modernisation favorisera le lancement de processus plus efficaces pour remplacer les méthodes manuelles.
Quels seront, selon vous, les avantages d’un système de traitement des paiements plus modernes pour l’économie canadienne en général?
KM : Le projet de modernisation vise un objectif en matière de politique publique pour rendre les paiements plus rapides, homogènes et efficaces. Les avantages tangibles de la rapidité de règlement sont indéniables. Ils permettront aux utilisateurs de savoir, immédiatement, qu’ils ont les fonds en leur possession et qu’ils peuvent les mettre à profit sur-le-champ. Cela appuiera un vaste éventail de cas d’utilisation et la numérisation du commerce.
Les PTR permettre aux utilisateurs d’intégrer des métadonnées. Comment cela favorisera-t-il les paiements commerciaux?
KM : Les riches données qui accompagneront les PTR permettront aux utilisateurs issus de vastes segments des milieux des affaires et du commerce d’abandonner presque entièrement les méthodes de facturation traditionnelles, les chèques et d’autres éléments de l’ancien environnement qui persistent toujours. Cela permettra la migration réelle des commerces, des entreprises et des gouvernements vers la numérisation plus homogène de leurs propres paiements, que ce soit pour au sein de leurs réseaux de fournisseurs ou dans le monde en général.
Donc, autrement dit, les PTR réduiront l’utilisation du papier.
KM : Oui, tout à fait. La période où il fallait attendre plusieurs jours pour qu’un chèque soit compensé sera révolue grâce à la capacité de règlement des PTR. Les risques s’en trouveront aussi réduits. Les craintes qu’un chèque ne soit pas honoré se dissiperont. Ainsi, la disparition des inefficacités des systèmes de paiement devrait engendrer des gains réels.
En plus de l’élimination des difficultés causées par les paiements à base de papier, quels sont certains des autres cas d’utilisation potentiels des PTR?
JL : Ils offrent la possibilité, pour les entreprises qui ont des employés à temps partiel, de payer ces personnes immédiatement après leur quart de travail. Cela prêtera donc main-forte à l’économie des petits boulots.
Nous entrevoyons aussi un grand potentiel pour le paiement de factures. Les PTR pourraient permettre aux entreprises de rationaliser la façon dont elles perçoivent le paiement des factures qu’elles émettent.
Il y a aussi des cas d’utilisation potentiels pour les gouvernements grâce, par exemple, à la capacité de déposer des fonds d’urgence en l’espèce de quelques secondes dans le compte bancaire des Canadiens.
Pourquoi Interac est-elle le choix logique comme fournisseur de la technologie d’échange des PTR?
KM : Nous offrons bon nombre des composantes et des attributs de service dont Paiements Canada était à la recherche pour la technologie d’échange des PTR.
JL : Contrairement à d’autres pays, il existe déjà une solution, en l’occurrence Virement Interac, qui répond à certains des besoins du marché en matière de paiements en temps réel. C’était donc tout à fait logique pour nous de collaborer avec Interac pour mettre à profit les progrès déjà réalisés. De plus, ce partenariat nous permettra d’utiliser l’infrastructure existante d’Interac et les relations déjà établies auprès des près de 300 institutions financières avec lesquelles Interac fait affaire aujourd’hui.
KM : La capacité de mettre à profit une solution robuste, établie et éprouvée comme Virement Interac a représenté un avantage de taille. Grâce à ce service, nous sommes un chef de file dans le domaine des échanges de paiement en temps réel depuis le début des années 2000. Cette solution a tant été adoptée d’emblée par les institutions financières qui l’offrent que par les consommateurs et les commerces qui s’y fient comme méthode pour effectuer des paiements importants.
Donc, nous partons d’assises assez solides. Nous sommes au cœur des paiements canadiens depuis plus de trois décennies pour divers produits, services, canaux de distribution, marchés et segments.
À mesure que vous travaillez ensemble pour bâtir le système de PTR, quelle sera la suite?
JL : Pour nous, c’est le fait que les PTR sont plus d’une solution technologique. Ils exigent aussi l’établissement d’un cadre juridique solide. Nous consultons notre Comité consultatif des membres et notre Comité consultatif des intervenants pour confirmer que nous représentons les intérêts de toutes les parties prenantes du système. Cela sera très important à mesure que ce projet ira de l’avant.
KM : Il faudra un certain temps au marché pour délaisser les chèques, mais nous croyons que les entreprises le feront de plus en plus. De plus, les anciennes méthodes de virement électroniques sont loin d’être parfaites, mais elles sont aussi bien ancrées. Il y a donc une certaine inertie qui n’est pas facile à contrecarrer.
Les participants auront besoin d’un certain temps pour déterminer comment tirer parti de toutes les nouvelles capacités. Cela dit, nous croyons qu’ils adopteront les PTR, comme ils ont adopté les virements électroniques.
Prenez connaissance de notre mise à jour la plus récente sur l’état de la modernisation des paiements au Canada.