Rachel Jolicoeur
Directrice, prévention de la fraude et partenariats, Interac Corp.
Ayant travaillé dans le domaine de la prévention de la fraude pendant la majeure partie de ma carrière, je sais bien que les arnaques sont un aspect malheureux, mais courant, de la vie canadienne.
J’ai tout de même été frappée par les résultats d’un sondage qu’Interac a récemment mené afin de mieux comprendre l’impact de la fraude sur les Canadiens. Six Canadiens sur dix ayant participé à l’Indice de prévention de la fraude Interac se disent aujourd’hui plus préoccupés par la fraude que jamais auparavant.
Notre étude démontre que les Canadiens sont ciblés sans arrêt par un éventail de méthodes – téléphone, courriel, texte et médias sociaux. Environ la moitié des participants ont déclaré qu’eux-mêmes ou un membre de leur famille avaient été victimes de fraude. Le problème touche des personnes de tous âges, horizons et régions du pays.
(2 259 résidents adultes du Canada ont répondu au sondage. Ce dernier présente une marge d’erreur de +/- 2,5%. Les résultats complets sont disponibles ici )
Ce que nous avons appris
L’étude nous a révélé que les Canadiens pourraient en faire beaucoup plus afin de se protéger contre la fraude. Bien que sept répondants sur 10 déclarent être assez confiants en leur capacité à détecter une situation suspecte, bon nombre d’entre eux ont aussi adopté des comportements qui les rendent vulnérables – deux sur cinq ont cliqué sur un lien venant d’une source inconnue, par exemple, et un tiers des répondants ont utilisé leurs services bancaires en ligne tout en utilisant une connexion Wi-Fi publique.
Quant à l’Indice de prévention de la fraude Interac, celui-ci identifie certaines différences régionales : La fraude par SMS est plus répandue au Québec et moins au Canada Atlantique, par exemple. Le vol d’identité est plus courant à Montréal qu’à Toronto ou Vancouver.
Pourtant, bien que l’expérience de la fraude puisse différer d’un endroit à l’autre et d’une personne à l’autre, je pense que les résultats du sondage sont clairs : le problème touche chaque région et chaque population.
Lorsqu’un problème touche la moitié de la population du pays, il est crucial que ce dernier soit une priorité urgente. Heureusement, nous pouvons tous prendre des mesures en tant qu’individus – à la maison et au sein des organisations pour lesquelles nous travaillons – afin de lutter contre les escroqueries et les tentatives de fraude qui pourraient nous cibler.
Ce que fait Interac pour lutter contre la fraude
Chez Interac, nous croyons que l’éducation est la première ligne de défense. Nous travaillons donc diligemment avec nos partenaires en sécurité pour gérer les risques de fraude et pour fournir aux Canadiens les informations dont ils ont besoin pour repérer, éviter et signaler les escroqueries. Compte tenu du rôle que nous pouvons jouer en utilisant notre plateforme pour sensibiliser le public à la lutte contre la fraude, Interac a travaillé avec des organismes d’application de la loi à travers le Canada pour inciter une approche «S’arrêter, Examiner, En parler» afin de reconnaître et déjouer les tentatives de fraude.
«S’arrêter» signifie que nous conseillons aux Canadiens de prendre un moment pour s’arrêter, réfléchir et suivre leur instinct lorsqu’ils rencontrent une demande de renseignements personnels – que cela provienne d’un appel téléphonique, d’un courriel, d’un message texte ou d’un transfert d’argent inattendu ou de toute autre manière. (Des arnaques ont même été signalées au Canada à l’aide de Snapchat.)
«Examiner» signifie qu’il est sage de rechercher les signes révélateurs d’une arnaque face à une situation qui ne semble pas tout à fait correcte. Des conseils peuvent être nécessaires; le Centre antifraude du Canada est un excellent endroit pour s’informer sur ce qui pourrait se produire ainsi que les institutions financières et les autorités policières locales. Les gens doivent se rappeler qu’ils peuvent prendre leur temps et réfléchir avant de répondre à tout type de message inattendu. Il n’y a jamais de raison de se sentir poussé à agir – et en effet, la pression elle-même peut être le signe d’un fraudeur au travail.
Enfin, «En parler» représente notre conseil pour demander de l’aide lorsque l’on soupçonne une tentative de fraude. Par exemple, nous rappelons aux Canadiens que s’ils ont déjà fourni des informations sensibles à un fraudeur, ils doivent immédiatement contacter leur banque ou leur fournisseur de services financiers au numéro indiqué sur leur site Web ou au dos de leur carte de paiement et se présenter au Centre antifraude du Canada.
Ce que nous pouvons faire ensemble
La prévalence de la fraude peut faire réfléchir, comme le sont bon nombre des conclusions de l’Indice de prévention de la fraude Interac. Pourtant, il y a un point à retenir qui peut nous donner espoir: sept Canadiens sur dix veulent en savoir plus sur la façon de se protéger et de protéger leurs familles contre la fraude. J’applaudis cette volonté d’apprendre, d’autant plus que les Canadiens eux-mêmes sont la première ligne de défense pour se protéger contre la fraude.
Les Canadiens disposent de nombreuses ressources pour s’armer contre les tentatives de fraude – votre institution financière, le Centre antifraude du Canada, l’ABC et le Bureau de la concurrence du Canada sont tous des bons points de départ.
Si tout le monde travaille ensemble et partage leurs connaissances, le Mois de la prévention de la fraude peut vraiment être à la hauteur de son nom et nous pouvons vraiment empêcher davantage de victimes de fraude.