L’identité est un élément important d’une compagnie, peu importe son ampleur. Pour Noam, une personne transgenre qui a exploré son identité de genre pour pouvoir vivre sa vérité, c’est essentiel.
Il se souvenait de la force que lui avait procurée sa première coupe de cheveux d’affirmation de genre, mais aussi de l’ambiance intimidante et écrasante que les salons à grand volume peuvent avoir pour certaines clientèles marginalisées. Les bruits ambiants mélangés à la musique de la radio, le manque d’intimité, et d’autres facteurs peuvent rendre ce genre d’expérience stressante. Étant lui-même coiffeur, Noam a décidé de créer un nouveau type d’expérience pour sa clientèle queer, dans un espace plus sûr et privé. Il s’est appuyé sur ce qu’il connaît le mieux, lui-même, pour fonder son studio Call Me Noam, situé à Montréal.
Un studio privé et inclusif
Noam a construit son studio privé en se basant sur ses propres expériences, ce qui l’a poussé à développer une pratique accessible et adaptée aux besoins de chacun de ses clients. Le studio Call Me Noam dispose d’une chaise et accueille un seul client à la fois, ce qui rend le studio réellement privé. L’intimité des rendez-vous individuels permet à Noam d’offrir à ses clients une expérience sécuritaire et unique du début à la fin : chaque client peut préciser ses préférences lors de la prise de rendez-vous.
« J’ai décidé d’ouvrir le studio pour offrir un espace qui était plus sécuritaire et inclusif pour ma clientèle, qui est majoritairement queer. C’était vraiment important pour moi d’offrir un endroit pour les personnes qui désirent explorer leur identité de genre de façon moins anxiogène que dans un environnement à plus grand volume. Donc j’offre des options aux clients pour avoir le contrôle sur l’environnement, comme avec ou sans musique ainsi qu’une option de rendez-vous silencieux ou non. J’ai aussi des temps de pause entre chaque personne pour éviter les croisements. Je pense que c’est important de pouvoir recevoir des services par des personnes qui leur ressemble, et par des personnes dans qui les gens peuvent se reconnaître, des personnes à qui on n’a pas à s’expliquer ou à se justifier. »
Trouver l’espace parfait
Si l’idée d’ouvrir un studio trottait dans sa tête depuis un moment, la création de Call Me Noam a été plus spontanée. Noam a trouvé l’espace parfait vers la fin de l’année 2020 et a décidé de suivre son instinct. Il a sauté sur l’occasion pour ouvrir son propre studio, et tout s’est passé très vite après cela.
La construction du studio a été achevée en une semaine seulement, et Noam se souvient que les coûts de démarrage pour faire décoller le studio ont été son plus grand défi. Noam a compté sur l’aide de ses amis et de sa famille pour que l’espace soit aménagé rapidement et prêt à fonctionner. Il a également réduit les coûts en utilisant des matériaux recyclés et en achetant des meubles et des fournitures d’occasion, comme sa chaise de coiffeur et son lavabo, qui ont souvent été achetés par Virement Interac.
Le Virement Interac et les échelles de prix
Noam pousse l’inclusivité au maximum en utilisant une échelle de prix, ce qui signifie que les clients peuvent choisir le montant qu’ils désirent payer, dans une fourchette préétablie. Cela permet à un plus grand nombre de clients, qui peuvent être moins privilégiés, d’avoir accès à des services de coiffure de qualité. En ce qui concerne les options de paiement, Call Me Noam utilise le service de Virement Interac comme seule méthode de paiement. Noam explique qu’il préfère ce mode de paiement pour ses clients parce que les transactions sont faciles à effectuer : les clients sont libres de choisir le montant qui leur convient à l’endroit où ils se sentent le plus confortable, que ce soit juste après avoir passé la porte du salon ou une fois chez eux, et ce, sans ressentir aucune pression.
« Avec une échelle des prix, les gens vont choisir le montant qu’ils veulent et ils n’ont pas besoin de me le dire sur place. Je vais le voir quand ils vont m’envoyer les fonds. »
La coiffure, une affaire de famille
Noam est fier de dire que son père est son mentor, et qu’il est la troisième génération de sa famille à avoir son propre salon de coiffure. Ayant grandi dans le salon de son grand-père (aujourd’hui celui de son père), Noam a pu voir les différents aspects du métier, les bons comme les mauvais.
Noam admet que devenir coiffeur n’était pas son premier choix de carrière. En fait, Noam a d’abord obtenu un diplôme en production d’événements. Cependant, après avoir fait l’expérience de sa première « coupe de cheveux euphorique », il a découvert le pouvoir d’une bonne coupe de cheveux sur la psyché et l’humeur d’une personne, et a finalement décidé de poursuivre la tradition familiale.
« Mon père est encore propriétaire de son salon, qui appartenait à mon grand-père, et cette année, c’est le 60e anniversaire du salon. Je pense qu’il voit en moi un côté innovateur du milieu qu’il connaît beaucoup. Quand je lui ai parlé de mon idée, je pense qu’il était inspiré par les possibilités que je pouvais apporter au milieu de la coiffure. »
Grandir, une chaise à la fois
Noam est très fier de ce qu’il a accompli jusqu’à présent avec Call Me Noam, mais ce n’est qu’un début. Il planifie déjà d’agrandir l’entreprise en y ajoutant des espaces privés pour la coiffure, d’autres pratiques pour soutenir la communauté queer, comme des ateliers et des événements. Ses rêves sont ambitieux, mais Noam pense qu’ils sont réalisables en procédant étape par étape ; c’est une leçon qu’il aurait aimé connaître plus tôt.
« Je pense que c’est bien d’avoir une vision puis d’avoir des projets, mais de le rendre réaliste et d’avoir confiance que la vision qu’on a est possible, que ça peut arriver, mais ça peut prendre du temps. Il y a un départ à faire, et puis on travaille tranquillement jusqu’au résultat final. De ne pas essayer d’avoir le résultat final dès le début, c’est de voir qu’il y a une évolution. C’est le genre de conseils que j’aurais aimé me donner à moi-même parce que je suis un peu perfectionniste, j’aime que les choses soient faites parfaitement dès le départ. Mais je pense que notre projet devient plus réaliste au moment on se donne la place à l’imperfection. »