Comme nous passons beaucoup de temps en ligne, que ce soit pour le travail ou les loisirs, nous sommes constamment en contact avec d’autres personnes. Bien que, souvent, nos comportements ne semblent pas dangereux au moment même, le contenu que nous publions et que nous partageons en ligne au fil du temps peut être utilisé pour mettre au jour notre identité et les façons de nous joindre. Plus de la moitié des répondants à un sondage réalisé par Interac en 2022 affirment avoir subi au moins une tentative de fraude par semaine, et près de quatre Canadiens sur dix déclarent que le fraudeur avait utilisé leurs renseignements personnels, comme leur nom au complet (61 pour cent), leur adresse (27 pour cent) et leur date de naissance (12 pour cent), afin de se faire passer pour une source fiable.
Pourrions-nous déployer plus d’efforts pour nous protéger en ligne? Poursuivez votre lecture pour connaître le récit de cinq Gen Z et milléniaux qui ont fait l’objet de tentatives de fraude numérique et qui ont apporté des changements à leurs comportements risqués pour mieux se protéger.
Un cas d’hameçonnage
Johanne, 21 ans, barista :
« Ce qui m’a épargnée, je crois, c’est la prise de conscience que la situation semblait louche. L’envoi d’un lien bizarre, sans explication, est la marque indéniable d’une fraude. De plus, il faut de toute façon éviter de cliquer sur des liens qui ne semblent pas familiers. »
« Je prenais ma pause du midi quand j’ai reçu un texto de mon amie Sam. Ce texto n’avait qu’une seule ligne – « Est-ce toi sur la photo? » – et un lien.
J’admis avoir paniqué, pensant qu’on m’avait identiqueté dans un acte gênant que toute ma famille allait voir. Mais, j’ai aussi trouvé bizarre qu’elle ne dise rien d’autre, sans compter que le lien semblait louche. Il ne menait pas vers un site Web que je reconnaissais.
J’ai revérifié le message, et c’est là que j’ai vu qu’il s’agissait d’un faux compte utilisant l’information de Sam. Même photo de profil, même bio et, de plus, certaines de ses photos. Toutefois, le nom d’utilisateur n’était pas tout à fait exact. Il avait un point au milieu et un chiffre à la fin, ce qui n’était pas le cas de celui de Sam. En réunissant ces indices, j’ai conclu qu’une personne tentait de m’inciter à mordre à l’hameçon. Je n’ai pas répondu au message ou cliqué sur le lien, et j’ai informé Sam du faux compte. Nous l’avons dénoncé et fait une publication en ligne à l’aide d’une prise d’écran du message bizarre afin de prévenir d’autres personnes d’éviter de cliquer sur un lien contenu dans des messages comme celui-ci. »
La fraude numérique peut souvent exploiter notre familiarité avec un compte ou avec une personne connus pour nous amener à prendre des risques. Même si sept répondants sur dix à un sondage d’Interac déclarent être assez confiants dans leur capacité à détecter une situation suspecte, bon nombre de ces personnes ont aussi adopté des comportements qui les rendaient vulnérables, deux personnes sur trois ayant déjà cliqué sur un lien provenant d’une source inconnue.
Un portefeuille de données personnelles
Pavit, 26 ans, photographe à la pige :
« J’ai désactivé les comptes que je n’utilise plus, assaini ceux auxquels j’accède toujours et suis généralement plus prudent au moment d’afficher du contenu et des photos en ligne. »
« Je suis sans contredit un utilisateur précoce. Je m’abonne à toutes les nouvelles plateformes sociales dès leur lancement. Comme je les utilise surtout pour mon entreprise de photographie, j’aime bien y publier des photos, faire des contacts, promouvoir les événements auxquels j’assiste et, bien sûr, parler de mon chien, Jimmy, que j’adore.
Un jour, j’ai constaté que je ne pouvais pas accéder à mon compte de courriels. J’ai essayé mon mot de passe régulier, mais en vain. ‘Mauvais mot de passe’, me disait-on. C’est là que j’ai su que quelque chose ne tournait pas rond. J’ai réinitialisé mon mot de passe et ai pu accéder à mon compte, qui regorgeait de courriels de réinitialisation du mot de passe provenant de plusieurs des autres sites que j’utilisais. Quelqu’un s’était infiltré dans mon compte et avait obtenu l’accès à tous mes autres comptes.
J’admets ne pas avoir été trop porté vers la sécurité. J’utilisais généralement le même mot de passe pour tous mes comptes et je choisissais des réponses élémentaires aux questions de sécurité, comme le nom de mon chien, mon école et d’autres détails faciles à trouver en parcourant mes réseaux sociaux. J’ai conclu que c’est de cette façon que les fraudeurs ont pu accéder à mes courriels et tenter de réinitialiser tous mes mots de passe.
Quelle misère! J’ai dû contester une foule de frais imputés à mes cartes de crédit et annuler certaines des commandes que les fraudeurs avaient passées. En fin de compte, j’ai quand même perdu de l’argent en raison de cette situation. Ce fut donc une prise de conscience coûteuse qui m’a incité à me forcer un peu plus pour me protéger en ligne. »
Comme nous passons beaucoup de temps en ligne, il se peut que bon nombre de nos anciens comptes et de renseignements à notre sujet flottent dans le cyberespace. Même si vous les avez peut-être oubliés, ils restent à la disposition des fraudeurs numériques. Gardez une longueur d’avance en jetant un coup d’œil au bilan de sécurité numérique en trois étapes d’Interac, qui a été conçu par des experts de l’industrie et par le gouvernement canadien pour vous aider à verrouiller et à assainir vos comptes en ligne.
Locateur louche et demandes de paiement encore plus louches
Rio, 18 ans, étudiant à l’université :
« Je me sens plus en confiance depuis cette expérience parce que je n’ai pas dérogé de mes convictions et que j’ai évité un piège. Je vérifie encore tout deux ou trois fois et veux toujours voir les articles avant de les acheter, et ce, même si cela agace parfois mes amis. »
« Je cherchais un appartement en ligne pour me rapprocher du campus. J’en ai trouvé un qui me plaisait, alors j’ai contacté le locateur. Ce dernier m’a dit qu’il pouvait garantir l’appartement si je payais le premier et le dernier mois de loyer. Comme c’est une requête assez courante, j’ai accepté, mais ai demandé de visiter l’appartement avant. Cette question a semblé agacer le locateur, qui a dit ne pas pouvoir me le montrer avant la fin du mois. Comme la situation semblait louche, j’ai remercié le locateur et ai décidé d’attendre.
À la fin du mois, j’ai communiqué de nouveau avec lui. Il ne pouvait toujours pas me montrer l’appartement, sous prétexte qu’il était occupé et qu’il était sur le point de partir en vacances. Je lui ai demandé si je pouvais au moins signer le bail et le payer plus tard, mais il a soutenu que l’entente verbale suffisait. C’est là que les signaux d’alarme se sont allumés. J’avais été disposé à lui donner le bénéfice du doute avant, mais cela semblait maintenant très suspect. J’ai donc décidé de laisser tomber et de trouver un autre appartement. Le prix et l’emplacement n’étaient pas aussi avantageux, mais au moins j’avais confiance que rien de louche ne se passait. Plus tard, j’ai vu sur les médias sociaux que le locateur en question avait été arrêté pour cause de fraude de location et autres. J’étais vraiment content d’avoir fait confiance à mon instinct et d’avoir trouvé un autre appartement.
C’est bon de faire confiance à votre instinct. Si une situation vous semble louche, ne vous sentez pas obligé de prendre une décision rapidement ou sans trace documentaire adéquate. Sept Canadiens interrogés sur dix disent vouloir en savoir plus sur la protection contre la fraude. L’important, c’est de vous rappeler de toujours vous arrêter, examiner et en parler si une situation vous semble suspecte.
Éviter le tirage de tapis
Ben, 24 ans-, directeur de magasin :
« Bien que je sois toujours en quête de façons de faire un peu d’argent supplémentaire, quand il s’agit d’investir, je m’en tiendrai dorénavant à des sources fiables. »
« D’emblée, je dois dire que ce n’est pas le moment dont je suis le plus fier. J’ai un bon emploi stable et bien rémunéré. Toutefois, qui ne veut pas essayer de faire un peu plus d’argent? Donc, j’effectuais des recherches sur les placements. Un jour, j’ai reçu un bulletin d’information qui parlait du lancement imminent d’un nouveau cryto-jeton. Ce bulletin faisait de grandes promesses alléchantes, offrant des rendements garantis et la multiplication du placement par dix en l’espace de trois mois, ce qui, avec du recul, n’était pas très réaliste. Toutefois, à ce moment-là, je trouvais que l’offre avait l’air très professionnelle. Des investisseurs que je reconnaissais étaient même cités sur le site Web. J’ai décidé de tenter ma chance et d’investir un peu d’argent. Si, en fin de compte, le placement ne rapportait pas, je ne perdrais pas trop d’argent. Je me suis inscrit, ai déposé de l’argent et ai acheté des jetons.
Tout semblait bien aller. En fait, selon le tableau de bord du site Web, je réalisais des gains soutenus, voire des gains très solides pour mon petit investissement. Cela m’a convaincu d’investir davantage et, en moins de deux, j’investissais quelques milliers de dollars à chaque chèque de paie. Les gains s’accumulaient lentement, mais ils demeuraient intéressants. J’attendais de voir à quel point mon investissement allait s’apprécier. Puis, un jour, j’ai tenté d’ouvrir une session, et le site Web avait disparu. Il ne restait rien. Il n’y avait pas de numéro de téléphone ou de personne à contacter. Le site, et mon argent, s’étaient évaporés. »
Le « tirage de tapis » est une nouvelle fraude répandue en vertu de laquelle les malfaiteurs utilisent des trucs de marketing pour inciter les gens à investir. Après la rentrée d’un certain montant d’argent, les fraudeurs disparaissent avec le magot, laissant les investisseurs sans recours. Méfiez-vous des investissements « trop beaux pour être vrais » qui promettent des gains élevés en contrepartie de peu de risques, et ce, indépendamment des conditions boursières.
Ben conclut : « Bien que je sois toujours en quête de façons de faire un peu d’argent supplémentaire, quand il s’agit d’investir, je m’en tiendrai dorénavant à des sources fiables. »
La grande fraude d’emploi
David, 25 ans, coursier auprès d’une appli de livraison :
« Je continue de me familiariser avec le pays, mais je sais que je dois être prudent, prendre mon temps et ne pas faire confiance à une personne seulement parce qu’elle m’offre ce que je recherche. »
« Je vis au Canada depuis près d’un an et je m’y plais beaucoup. J’aimerais rester ici à long terme. Pendant que j’essaie de trouver un emploi dans mon domaine, je travaille comme coursier. Souvent, je reçois par texto des propositions de travail et, parfois, celles-ci ont l’air intéressantes, alors que d’autres fois, je peux voir qu’elles ne le sont pas. Un jour, j’ai reçu un texto au sujet d’un emploi dans le domaine de la saisie de données. On me disait que je pourrais travailler quelques heures par jour de la maison, tout en gagnant un salaire intéressant. Cela m’intéressait parce que je cherchais un emploi plus stable. Comme je n’avais jamais entendu parler de l‘entreprise, j’ai vérifié son site Web, qui avait l’air professionnel et légitime.
J’ai contacté le recruteur pour lui confirmer mon intérêt. Celui-ci a envoyé mes renseignements à un « préposé aux RH », qui m’a posé par texto des questions sur mon expérience, mes compétences, mes connaissances techniques et autres. Tout cela a pris environ une heure, mais j’ai répondu à toutes les questions, et le préposé semblait chaleureux et sympathique. C’est là qu’il a commencé à me demander des renseignements plus personnels, comme mon adresse, ma date de naissance, mon NAS et mes données bancaires. J’ai trouvé cela bizarre vu que le poste n’était pas encore confirmé. Quand j’ai demandé au préposé si j’étais engagé, il m’a répondu que je devais d’abord répondre aux questions. C’était la façon de procéder au Canada. Comme cela me semblait louche, j’ai arrêté de répondre aux questions. »
Ce peut être très enthousiasmant de recevoir une offre d’emploi et, parfois, cet enthousiasme peut nous empêcher de prendre le temps de bien évaluer ce qu’on nous demande. Les fraudeurs savent que les nouveaux arrivants ne connaissent peut-être pas bien le contexte du travail et des finances du pays. Les fausses offres d’emploi, les tentatives d’hameçonnage et les arnaques où les fraudeurs se font passer pour des représentants d’organismes gouvernementaux officiels s’inscrivent parmi les principales fraudes dont ces personnes font l’objet.
Des habitudes prudentes en ligne favorisent votre protection et celles des autres
Ce peut être accablant d’être victime de fraude. Le fait de reconnaître les comportements qui vous rendent plus vulnérables représente une étape importante pour mieux vous protéger, et protéger les autres, en ligne. Nous avons tous un rôle à jouer pour être plus proactifs au sujet de la sécurité en ligne et, en retour, pour contribuer à la réduction de la propagation de la fraude numérique.
Avertissement : Les noms, les personnes, les entreprises, les endroits, les événements et les incidents décrits dans cet article sont fictifs; toute ressemblance avec des personnes ou des faits réels est purement fortuite.
C’est à votre tour. Vous désirez vous familiariser avec les façons de détenir d’autres fraudes courantes?