Le Canada s’affaire depuis un moment à mettre en place un système bancaire ouvert, si bien que les observateurs se demandent peut-être quand le pays pourra enfin en faire profiter les avantages potentiels aux entreprises et aux consommateurs, surtout que d’autres régions en tirent déjà parti depuis plusieurs années.
Les consultations du groupe de travail du ministère fédéral des Finances sur la mise en œuvre du système bancaire ouvert ont pris fin le printemps dernier; le rapport du gouvernement suivra sous peu. Composés d’un échantillon bien équilibré de représentants et de perspectives provenant de l’ensemble de l’écosystème financier, quatre groupes de travail ont été mis sur pied pour élaborer un système bancaire ouvert de conception canadienne et fournir leurs commentaires sur divers sujets liés aux services bancaires ouverts : accréditation, responsabilité, vie privée et sécurité. Interac a fait valoir son expertise et son expérience en participant au groupe de travail sur la protection de la vie privée, contribution qui s’inscrivait dans le cadre des travaux réalisés avec d’autres parties prenantes de l’écosystème pour offrir les avantages et les débouchés économiques d’un système bancaire ouvert aux particuliers et aux entreprises du Canada.
Les réunions du groupe de travail sur la protection de la vie privée se sont penchées sur divers sujets intéressants. L’un d’entre eux résidait dans le rôle essentiel du consentement pour la mise en œuvre d’un système bancaire ouvert. Les fournisseurs de services financiers seraient tenus d’obtenir le consentement des consommateurs à la collecte, à l’utilisation et à la divulgation de leurs renseignements financiers, ce qui leur permettrait d’offrir des recommandations plus personnalisées et des services adaptés aux besoins de chaque personne.
Un système bancaire ouvert peut seulement se concrétiser si les consommateurs font suffisamment confiance au système pour consentir à la transmission de leurs données. Et il est de plus en plus évident que le fait de leur conférer un contrôle simple et direct à l’égard de ce consentement sera essentiel à l’acceptation et à l’adoption d’un système bancaire ouvert. Pourquoi? Prenez les quatre points suivants.
1. Les consommateurs canadiens sont conscients des avantages d’un système bancaire ouvert, mais ils veulent des garanties
Selon certains sondages, les consommateurs canadiens sont conscients des avantages potentiels d’un système bancaire ouvert, mais ils nourrissent d’importantes craintes à l’égard de la sécurité, de la confidentialité et du contrôle de leurs données.
Par exemple, un sondage mené en 2019 par l’Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC) révèle que les Canadiens se préoccupent de la sécurité et de la confidentialité de leurs renseignements financiers, et ce, même s’ils sont conscients des avantages potentiels d’un système bancaire ouvert, tels que la commodité accrue et des choix plus nombreux. Selon un sondage effectué en 2021 par Finances Canada, 59 pour cent des Canadiens interrogés estiment que des services bancaires ouverts et des finances axées sur les clients les rendraient plus vulnérables à la fraude et les exposeraient à un risque accru de vol d’identité.
Les recherches d’Interac révèlent des résultats comparables : en 2020, Interac a interrogé un échantillon représentatif de 2 000 Canadiens et tenu des groupes de discussion pour évaluer l’attitude des consommateurs à l’égard d’un système bancaire ouvert. Du côté des bonnes nouvelles, 75 pour cent des personnes avec qui Interac s’est entretenue lors des rencontres de ces groupes de discussion reconnaissaient les avantages de pouvoir accéder à un haut degré de transparence et détenir le plein contrôle de leurs transactions financières en vertu d’un système bancaire ouvert. Selon eux, un tel système offrirait une meilleure protection contre la fraude (73 pour cent), une plus grande facilité pour la comparaison des taux au moment de choisir des produits financiers (72 pour cent) et des approbations plus simples et rapides (65 pour cent).
Cependant, comme ils l’ont fait dans d’autres sondages, les participants ont aussi exprimé des craintes, dont les trois principales portaient sur la sécurité, la confidentialité et le désir de détenir un sentiment de contrôle informé.
Il incombe aux secteurs des services financiers et de la fintech de bien renseigner les consommateurs pour les rassurer et les aider à prendre conscience de tous les avantages d’un système bancaire ouvert.
Comme nous en avons été témoins dans le passé, les nouvelles technologies engendrent souvent un « défi de confiance », c’est-à-dire que les consommateurs veulent profiter des avantages et de la commodité d’un nouveau produit ou service, mais qu’ils se méfient des compromis qui les amèneraient à perdre le contrôle de leurs renseignements personnels ou de leurs données. Des campagnes d’information pourraient les aider à comprendre qu’un système bancaire ouvert n’entraînerait aucune perte de contrôle ou de droit à la vie privée. Certes, ce peut être difficile de gagner le confort et la confiance des consommateurs, mais le déploiement de nos innovations au cours des dernières décennies a démontré que cela est essentiel à l’adoption de nombreuses nouvelles technologies. Les services bancaires ouverts ne feront pas exception à cette règle.
2. Un contrôle sur le consentement sera essentiel à l’acceptation et à l’adoption d’un système bancaire ouvert par les consommateurs
Comment les parties prenantes de notre écosystème peuvent-elles rassurer les consommateurs? Le fait de leur conférer un contrôle direct sur la gestion du consentement à la transmission de leurs données représenterait un pas positif en avant.
Les consommateurs tiennent à détenir un contrôle clair sur la transmission de leurs données. Par exemple, un deuxième sondage mené par Interac en janvier 2023 a révélé que 74 pour cent des Canadiens interrogés aimeraient détenir plus de contrôle sur leur information en ligne. Cela réaffirme les conclusions du sondage réalisé par Interac en 2020, selon lequel 88 pour cent des consommateurs interrogés voulaient être en mesure d’approuver ou non la transmission de leurs données financières à des tierces parties.
Ce que les résultats des données révèlent clairement, c’est la façon dont les consommateurs veulent fournir leur consentement à la transmission de leurs données, c’est-à-dire en pouvant le faire dans un emplacement unique et facile d’accès.
3. En matière de services bancaires ouverts, les consommateurs recherchent une expérience reposant sur un consentement intégré unique
Les recherches d’Interac révèlent une préférence marquée pour une expérience simple en matière de gestion du consentement, laquelle repose sur la convivialité, la commodité et la clarté.
Les consommateurs comprennent déjà intuitivement la nécessité de vivre une expérience supérieure en matière de gestion du consentement, puisque le maintien d’un contrôle sur leurs données deviendra impossible si celles-ci sont réparties entre plusieurs systèmes et organisations. La capacité de se souvenir des données qui sont transmises, du motif de leur transmission et de la durée de la validité du consentement devient de plus en plus complexe à mesure que les autorisations se prolifèrent.
En simplifiant le suivi de cette information pour les consommateurs, ceux-ci seront plus susceptibles de continuer de participer à un système bancaire ouvert et d’utiliser les nouveaux produits qui verront le jour en vertu d’un tel système. À mesure que les nouveaux produits et services évoluent et que de nouveaux concurrents font leur entrée dans l’industrie, on constate un effet de volant d’inertie, soit la création d’une solution à la fois gagnante pour les consommateurs et l’écosystème des services financiers.
4. Les partenariats établis au sein de l’écosystème s’affairent déjà à concevoir une solution purement canadienne
Au cours des années qui ont suivi le début des conversations entourant le lancement d’un système bancaire ouvert, de nombreux intervenants ont convenu qu’une approche collaborative représentait la façon la plus prometteuse de créer un réseau fiable et sécuritaire qui favorisera la confiance de toutes les parties prenantes.
Par exemple, en 2021 et 2022, Interac a collaboré avec certains de ses partenaires pour créer un écosystème minimum viable (EMV), ayant fait appel à une mentalité de coopération pour établir des bancs d’essai relativement aux concepts d’un système bancaire ouvert. À mesure que les parties prenantes de l’écosystème financier du Canada poursuivront leurs travaux vers la création d’un cadre de politique pour le système bancaire ouvert du Canada, la collaboration sera essentielle à la possibilité de saisir l’occasion qui se présente.
Entre-temps, Interac prend des mesures pour permettre une intégration accrue au sein de l’écosystème financier en étendant l’accès au service Virement Interac à d’autres catégories d’institutions financières. Dorénavant, les organisations peuvent demander d’y participer si elles sont conjointement réglementées à titre d’entreprises de services monétaires (ESM) par le CANAFE et à titre de courtiers en valeurs mobilières par l’Organisme canadien de réglementation du commerce des investissements (ORCI). En vertu de ces nouveaux critères, Wealthsimple, fournisseur de services numériques de gestion des placements, a obtenu l’autorisation provisoire d’offrir ce service.
La réussite d’un système bancaire ouvert exigera une collaboration soutenue entre le gouvernement, les institutions financières, les sociétés de fintech et d’autres parties prenantes pour créer des approches novatrices qui donneront priorité aux besoins et aux attentes des Canadiens et qui aboutiront à la mise sur pied d’un système offrant choix, simplicité et une expérience de consentement à même d’inspirer confiance à tous les consommateurs.
Quels sont les facteurs de la réussite d’un système bancaire ouvert au Canada?